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Conférence-débat « Neutralité carbone en 2050, hâtons-nous lentement »

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Provence (CSA)

15/12/2022



Le 23 novembre 2022, dans les locaux de thecamp à Aix-en-Provence, le groupe de Provence a organisé dans le cadre de son cycle d’événements sur la transition énergétique une conférence1 sur le thème de la neutralité carbone. Animé par Greg de Temmerman, directeur général du think tank Zenon Research, il a réuni plus de 130 participants et de nombreux internautes en live streaming2

La force et l’originalité du propos a été de présenter systématiquement des ordres de grandeur dans leurs évolutions au cours du temps.

Aujourd’hui l’énergie est produite à plus de 80 % par un mix fossile (il était de 50 % en 1900). Ce ratio est stable depuis 1973, et se décompose à peu près à parts égales entre le pétrole à 33 %, le charbon à 27 % et le gaz à 24 %. L’enjeu majeur de la transition énergétique est d’augmenter la part mondiale des énergies décarbonées qui représentent seulement 16 % par rapport au mix fossile : 4 % de nucléaire, 6 % d’hydroélectricité, et les renouvelables (2 % éolien, 1 % solaire, bio fuel…).

Le charbon, source d’énergie qui a permis l’essor de notre société industrielle, avec des stocks estimés sur plus de 150 ans, est la plus émettrice de CO2 par unité de puissance produite (44 % charbon contre 36 % pour le pétrole et 20 % pour le gaz). Greg de Temmermann souligne ces caractéristiques avec l’utilisation d’1 tonne par an par terrien de charbon… ce qui donne 8 milliards de tonnes. L’ensemble des rejets dans l’atmosphère représentait en 2019, 12 Gt équivalent carbone, soit 1700 pyramides de Gizeh par an. Une photo de ce site majestueux d’Égypte nous ramène à la tenue de la COP 27 à quelques centaines de kilomètres de Charm El Cheik. L’accumulation de ces rejets génère une augmentation de la température moyenne, inégale sur la surface du globe. On peut noter +5 °C au Canada et +1 °C en France.

Respecter les objectifs climatiques de limitation à +1,5 °C (liés au taux de CO2 atmosphérique) implique de réduire les émissions de moitié d’ici 2030 et d’atteindre le net zéro en 2050. Globalement, les émissions mondiales de CO2 augmentent continûment mais tendent vers un plateau, avec -5 % en 2020 grâce à la pandémie : elles sont dues à 73 % au secteur de l’énergie (au sens large), 8 % aux procédés industriels et déchets, et 18 % à l’agriculture.

À court terme (2030), nous pouvons viser cet objectif avec les technologies existantes et disponibles : la transition énergétique s’appuie sur la production d’électricité bas carbone, les changements d’usages avec le soutien actif des consommateurs (transports électriques) et celui des politiques publiques pour construire des infrastructures adaptées. Passer du charbon au solaire et à l’éolien, avec des fermetures définitives de centrales à charbon.

Le rythme de développement de ces technologies est très soutenu : s’il a fallu plus de 50 ans pour apporter l’électricité dans une grande partie du globe, le téléphone portable et internet se sont déployés en à peine 10 ans. C‘est aussi le cas du nucléaire (développement sous contrainte, dans les années 70 et 80), du solaire et de l’éolien en comparaison de l’énergie fossile (le coût du photovoltaïque a baissé de 90 % en 15 ans grâce à la demande et aux gains d’échelle sur la fabrication).

À plus long terme, de nouvelles solutions technologiques doivent être développées et déployées. Par exemple, la décarbonation des 3 piliers de la civilisation moderne (qui représentent 20 % des émissions) que sont le ciment, l’acier et l’ammoniaque (nitrates pour l’agriculture) devront faire appel à des technologies et des procédés encore en phase de développement. Les technologies de l’hydrogène vert ont du mal à percer.
Un optimisme raisonné et étayé se dégage de cet exposé dépassionné et objectif : urgence et inertie, convergence entre disparition des énergies fossiles et transition décarbonée.

Le débat très riche qui a suivi a soulevé de nombreuses questions : captage de CO2, éolien, ressources minérales pour la transition, nécessité de la réglementation, forêts, nucléaire, financement de la transition, place du débat public démocratique. Il a montré la grande implication de tous sur l’actualité brûlante du développement durable.

À la fin de la conférence Greg de Temmermann a dédicacé son ouvrage récent « Chroniques énergétiques » (éditions La Butineuse).

Christian Mercier (ECP 79), Philippe Rose (ECP 79) et Pascale Temin (ECP 86) pour le bureau de CSA Provence 


Notes :
1. Présentation de la conférence disponible sur le site CSA, rubrique Médias du groupe de Provence.
2. Think tank à but non lucratif, Zenon Research identifie et analyse les solutions scientifiques, technologiques et économiques nécessaires à l’émergence d’un futur compatible avec les limites planétaires.

 

 

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