Conférence "L'intelligence artificielle au quotidien : le monde de Tim"
28/03/2019
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L’IA au quotidien
Le 28 février, le groupe Provence de l'Association des Centraliens a organisé une conférence sur l’intelligence artificielle au quotidien, structurée autour du livre Le Monde de Tim de Pierre Grand-Dufay.
Comment l’intelligence artificielle va-t-elle impacter l'activité humaine dans les prochaines décennies ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Existe-t-il des applications que nous utilisons quotidiennement, dans l’industrie, dans les services ? L’IA restera-t-elle confinée dans les challenges des jeux de plateaux ? Voici quelques-unes des questions que suscite le livre de Pierre Grand-Dufay, Le Monde de Tim, auprès des ingénieurs CentraleSupélec du groupe Provence, et qui a motivé l’organisation de la conférence « L’intelligence artificielle au quotidien : le monde de Tim » par l’Association le jeudi 28 février sur le site thecamp, près d’Aix-en-Provence.
Dans ce lieu emblématique des campus numériques, camp de base des futurs, le groupe Provence des Centraliens a accueilli plus de 150 personnes. Structure cylindrique de verre, l’amphithéâtre parfaitement circulaire de Thecamp constituait le décor parfait pour une grande soirée consacrée aux questions de l’IA.
Un conte rafraîchissant
Tim, le jeune adolescent héros du roman, et les ingénieurs de CentraleSupélec étaient faits pour se rencontrer. D’abord, le nom de Tim est l’anagramme de MIT (Massachusetts Institute of Technologie), le CentraleSupélec américain. Cette astucieuse inversion de l’auteur annonce-t-elle une intelligence artificielle qui apporte à l’humanité le développement du bien-être et des rapports harmonieux entre les hommes ou, au contraire, les dépossédera-t-elle de leur cerveau et les rendra-t-elle esclaves de leurs robots ? Quant à l’auteur, Pierre Grand-Dufay, multi-entrepreneur dont toute l’activité est vouée au développement économique de la région Sud, via le fonds d’investissement Tertium qu’il a fondé, il a été président de l’UPE 13 et vice-président régional en charge du développement économique.
« Le Monde de Tim est un conte enthousiasmant, rafraîchissant et d’un optimisme contagieux, où le style sans fioritures nous plonge tout naturellement en 2047. Certaines projections sont tellement contemporaines que nous pensons avec une assistante intelligence artificielle personnelle au bout de quelques pages. » C’est par cette introduction de Pascale Temin (90), présidente du groupe Provence des Centraliens, qu’a débuté la conférence.
Notre camarade Pascal Laurent-Gengoux (73) a ensuite « démythifié/démystifié » l’IA, en développant la « programmation classique » des années 1980, fondée sur la logique mathématique et déductive à partir de règles établies par des experts, pour présenter les réseaux de neurones où la connaissance des experts est remplacée par une méthode de classification des données sans connaissance préalable. L’entrée d’un neurone est une combinaison des sorties de la couche précédente.
Cette combinaison, très simple mathématiquement, fait intervenir des poids, déterminés par la résolution d’un problème d’optimisation. Cette résolution, qui avait mis « en veilleuse » l’IA de 1990 à 2010, a permis de développer une structure en couches simplifiant les calculs et la détermination des poids. C’est l’avènement de l’apprentissage profond. Le programme se modifie alors : des algorithmes et des données classées que la puissance de calcul permet de faire fonctionner. La généralisation est le test qui confronte le résultat à une donnée hors de la base : « Aujourd’hui l’IA c’est 90 % de transpiration et 10 % de génie. »
Dans Le Monde de Tim, l’assistante virtuelle personnelle « Esther » répond aux questions, intervient, discute. Lors de la conférence, Pierre Nectoux (16) nous présente les développements de sa start-up WeFight qui développe un assistant conversationnel pour les patients atteints de maladie chronique. Vik relie le médecin et le patient : écoute, rappel de traitement, transmission des questions aux médecins… Vik est très pertinent pour traiter une maladie chronique. Le développement d’un assistant virtuel personnalisé pour chaque patient est en cours, même si un système capable de s’occuper de polypathologie n’est pas encore d’actualité. Cette remarque sur la nécessité d’un contexte, d’un environnement contrôlé pour l’IA est récurrente.
Pierre Grand-Dufay insiste sur les perspectives d’une IA forte, à l’image de son roman, qui contrairement à l’IA actuelle, dite faible, sera capable de s’affranchir d’un contexte et d’un entraînement. Le débat aborde des considérations de reconnaissance « autonome » d’une machine, reconnaissance des émotions… là où « reconnaissance » n’est pas « connaissance ».
Olivier Guillaume (O2 Quant) et son partenaire Ivan Lorne (Devisubox) présentent une application concrète en sécurité de chantier : détecter les personnes qui portent des casques à partir d’un boîtier photo autonome (500 photos par jour) en transmission 3G. O2 Quant a apporté à Devisubox une expertise adaptée à la problématique vis-à-vis des solutions Google et Amazon existantes : ré-entraînement du réseau de neurones sur de l’apprentissage à grande ou moyenne distance des personnes cibles, de classifications des personnes (port du casque, transparence, accident du travail...). Il faut atteindre un taux de réussite de 97 % et ils ont encore recours à des traitements manuels afin de détourer l’image. La mise en production de ces modèles et algorithmes représente un nouvel outil très performant pour les utilisateurs, véritables experts, qui réinjectent ensuite eux-mêmes de l’apprentissage dans les modèles IA.
Le débat s’oriente alors sur la question classique : la machine va-t-elle remplacer l’humain ? Pierre Grand-Dufay fait remarquer le faible taux de chômage des pays à haute densité de robots. L’IA est un outil pour l’humain, un nouveau silex. Essentiellement, elle permet d’automatiser des tâches rébarbatives et améliore fortement les conditions de travail. En pratique, les réseaux de neurones font partie de notre vie : classification des mails (spam), système de sécurité ABS sur nos voitures, métro automatique et autonome... Mais l’IA ne profite pas à tout le monde, la moitié de la planète n’a pas accès à Internet. Des questions classiques d’éthique et d’addiction aux réseaux de neurones sont posées : applications malveillantes (les techniques n’ont pas de morale), les humains vont-ils « démuscler » leurs cerveaux ou vont-ils muscler leurs réflexions grâce à l’accès immédiat à l’information ? L’apprentissage humain fait appel aux émotions et aux sentiments, ce qui n’est pas et ne sera jamais le cas de l’apprentissage des machines.
Le Monde de Tim n’est-il qu’une fiction, un roman ? Nous avons répondu partiellement à la question. Il est à noter que malgré l’insistance et les relances de Pascale Temin pour aborder le concret des usages de l’IA au quotidien, les interlocuteurs sont restés parfois sur des généralités (concurrence, propriété intellectuelle non établie en IA...).
Pascale Temin (90), présidente du groupe Provence
Témoignage sur le roman
« Le monde de Tim, écrit d’une plume limpide et alerte, est en fait un roman spéculatif, une leçon d’humanisme et de confiance qui anticipe les grands bouleversements à venir dans de nombreux domaines-clés et déjoue les angoisses déclinistes de notre époque par quelques réponses simples et solides fondées sur le retour aux valeurs essentielles : amour, partage, responsabilité. » Jean Lipcey (63), secrétaire du groupe Provence des Centraliens.
« Dans la grisaille ambiante et face au pessimisme presque congénital de nos compatriotes, j’ai beaucoup apprécié votre regard lucidement optimiste sur l’impact de l’IA sur notre société : ce sont les qualités humaines qui feront que l’avenir n’est pas nécessairement sombre et ces qualités sont plus présentes en nous et autour de nous que ne le pensent les aigris et les cyniques ; seuls ceux qui ne les cherchent pas ne les trouvent pas. Grâce à Tim, Paul et Claire les trouveront. » Pascal Laurent-Gengoux, professeur au département mathématique de CentraleSupélec.
« Le monde de Tim est un conte enthousiasmant, rafraîchissant, et d’un optimisme contagieux. Oui, mais c’est un conte, où le style sans fioriture nous plonge tout naturellement en 2047 sans aucun effort. Certaines projections sont tellement contemporaines que nous pensons avec une assistante intelligence artificielle personnelle au bout de quelques pages. À travers le regard de Tim, un ado de 15 ans, tous les clivages, tous les écarts, tous les comportements de nos sociétés dites modernes éclatent : “le culte des apparences était tel que la moindre particularité semblait une anomalie, presque une tare...” Les énormes changements présentés font naître quelque crainte, un étonnement, mais le lecteur est rassuré : l’un des héros parvient à prendre le pilotage manuel du véhicule autonome contre l’avis de son intelligence artificielle : Tim prendra en main sa vie et sa vie numérique.»
Pascale Temin (90)
Légende photo : (De g. à d., assis) Pascale Temin (86), présidente du groupe Provence des Centraliens, Olivier Guillaume, fondateur d’O2 Quant, Pierre Nectoux (16), PDG de WeFight, Pierre Grand-Dufay, PDG de Tertium et auteur du Monde de Tim, et Ivan Lorne, DG de Devisubox. Debout : Pascal Laurent-Gengoux (73), professeur de mathématiques et optimisation à CentraleSupélec.
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