Dans une conférence rafraîchissante, Youba Sokona, vice-président du Giec, a présenté les volets « adaptation » et « réduction »¹ du 6^e rapport d’évaluation et échangé avec les participants, lors de l’AG du groupement professionnel Ingénieur et développement durable.

Bien que les solutions existent dans tous les secteurs, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour rester en dessous du seuil de 1,5 °C de réchauffement, comme mentionné dans l’accord de Paris² (2015) de la Convention des Nations unies sur le changement climatique. Pas assez rapides, pas assez volontaires, pas assez conscients du danger. L’effort est énorme : il faudrait baisser les émissions globales de 43 % d’ici 2030, ce qui signifie mobiliser l’ensemble de l’économie sur le sujet.

Énergies renouvelables, nouveaux produits, réorganisations... Les actions existent et nombre d’acteurs se sont engagés, notamment des villes et des entreprises. Les ingénieurs particulièrement ont leur rôle à jouer en développant les technologies adéquates, mais la volonté de vivre et fonctionner autrement s’avère aussi fondamentale et nécessaire. À ce titre, les 17 objectifs de développement durable de l’ONU constituent une boussole adaptée.

Même si le problème du climat est mondial, chaque pays a son rôle à jouer en incitant sa population au changement et en promouvant la coopération internationale. Les technologies à mettre en œuvre sont à analyser au niveau local. Ainsi, en Afrique, l’habitude occidentale de la construction en béton sans ventilation naturelle n’a guère de sens face à un urbanisme et des matériaux locaux plus protecteurs de la chaleur.

Sur la démographie, il souligne qu’une meilleure qualité de vie, dont l’éducation des femmes, conduit à une dynamique soutenable et à une stabilisation des populations.

Bien sûr, le climat n’est pas le seul problème mondial quand on examine toutes les limites en passe d’être atteintes ou déjà dépassées. Mais il constitue une porte d’entrée privilégiée à l’aspect systémique.

Youba Sokona, dans cet échange sur ce nœud gordien mondial qu’est le climat, nous a délicatement guidés vers une remise en question intelligente du développement qui, tout en profitant des possibilités techniques, n’a guère de raison de se faire suivant une perspective occidentale.

Yves Barriol, Yves Tresson, membres du Groupement Professionnel Ingénieur et développement durable

1. À consulter sur le site https://report.ipcc.ch.

2. Art 2.a : « Le présent accord […] vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des
 changements climatiques […], notamment en : contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels… »