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Rencontre avec Guido Locatelli (ECP 93), PDG d'un groupe d'entreprises solidaires d'utilité sociale - N°6 (sept.-oct. 21)

L'article de la semaine

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07/10/2021


Vous avez commencé votre carrière au sein d’Airbus. Qu’est-ce qui a motivé votre envie de changement ?

Ayant grandi en Côte d’Ivoire, j’ai été très tôt confronté aux enjeux sociaux et environnementaux du développement économique et de la globalisation.

Étudiant, je souhaitais trouver un moyen de contribuer à la mise en place d’un modèle économique équitable qui réduise les inégalités et respecte l’environnement. Ma formation d’ingénieur avec spécialisation en air et espace m’a permis d’intégrer Airbus en tant que manager industriel et de développer mes compétences managériales et de gestion du changement. En 2013, j’ai découvert le réseau d’entreprises d’économie sociale et solidaire Envie1, pionnier de l’économie circulaire, qui m’a immédiatement séduit : c’est un projet industriel qui met l’économie au service de sa finalité sociale et environnementale.

 

Vous avez participé à la création du groupe Envie Rhône-Alpes. En quoi était-ce une expérience pionnière ?

J’ai été recruté comme directeur des entreprises d’insertion Envie de Lyon. L’objectif était d’augmenter et d’améliorer la qualité de notre impact social et environnemental par l’augmentation des emplois en insertion, l’amélioration de la qualité de l’accompagnement et l’augmentation de la collecte, du réemploi et du recyclage de déchets électriques et électroniques. Nous avons donc créé Envie Rhône-Alpes2 pour regrouper les entreprises de Lyon et Saint-Étienne, mutualiser nos fonctions supports et atteindre une taille critique permettant d’investir dans une équipe managériale de qualité. C’est une expérience pionnière car nous sommes le seul groupement d’entreprises Envie (300 salariés dont 2/3 en insertion) intégré à une échelle régionale issu d’entreprises indépendantes.

 

Quels sont les principes de l’économie circulaire ?

C’est une économie plus efficace dans l’utilisation des ressources, avec pour objectif d’en limiter au maximum le gaspillage. Elle s’oppose à l’industrie linéaire actuelle qui consiste à extraire, produire, consommer et jeter, avec comme paradigme la croissance infinie. Au « sommet de la pyramide de l’économie circulaire » on trouve le réemploi et la réparation, qui consistent à prolonger la vie des produits. Le recyclage, avec la réutilisation de la matière des produits, est également un métier d’économie circulaire.

Cette économie optimise la gestion et la valorisation des ressources sur un territoire, en créant de l’emploi local.

 

C’est un secteur de plus en plus investi par les ingénieurs, notamment par les plus jeunes.

Comment l’expliquez-vous ?

Le Parlement vient de voter une loi antigaspillage pour une économie circulaire car le modèle d’économie linéaire actuel est à bout de souffle et un nombre grandissant de personnes, notamment chez les plus jeunes, est conscient qu’il faut changer de paradigme ! Comme le préconise Nicolas Hulot [D’un monde à l’autre, éd. Fayard], je pense qu’il faut aller vers 100 % d’économie circulaire et solidaire. Ceci demande des compétences techniques multidisciplinaires qui sont typiquement des compétences d’ingénieur. Il s’agit d’innover en

collaborant avec un nombre important d’acteurs. C’est un secteur passionnant, d’avenir, qui donne du sens à son travail3.


Vous êtes actuellement à la tête d’un groupement d’entreprises solidaires. Quels sont vos

objectifs de développement ?

Nous pensons doubler notre impact social et environnemental dans les deux à trois prochaines années, en particulier à travers le changement d’échelle de notre activité de réemploi électroménager. Nous voulons faire en sorte que d’ici quelques années, 5 % des appareils électroménagers mis sur le marché soient issus du réemploi – aujourd’hui c’est moins de 1 % – et qu’Envie reste leader de ce marché, aux côtés d’autres acteurs de l’économie sociale et circulaire.

Concrètement, le réseau national Envie1 a lancé une démarche d’industrialisation et diversification de notre modèle économique et social. Au niveau d’Envie Rhône-Alpes, nous avons notamment prévu de nous implanter à Grenoble dès 2022. 

 

1. www.envie.org

2. www.envierhonealpes.org

3. Pour approfondir le sujet : https://institut-economiecirculaire.

fr/publication-etude-pivoter-vers-lindustriecirculaire-

quels-modeles-comment-accelerer/


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