DOSSIER " Vers la neutralité carbone" - Revue N°6 (septembre-octobre 2021)
Une invitation à découvrir l’apport des ingénieurs
Pour ce dossier, au format limité pour un enjeu si large, le comité de lecture du groupe Énergie durable a retenu un plan d’une dizaine d’articles sur les perspectives jugées les plus porteuses d’avenir durable. Au-delà de la doxa « tout renouvelable », il a sélectionné des articles qui précisent les conditions de la réussite et les actions complémentaires nécessaires pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone.
Ces articles concernent :
- l’énergie éolienne qui, en mer, gagne tant en réduction de l’emprise au sol et des nuisances qu’en efficacité avec un facteur de charge passant de 24 % à 42 %, limitant l’intermittence ;
- l’énergie photovoltaïque, dont la formidable baisse des coûts ouvre le champ des usages et applications au-delà des fermes solaires de grandes surfaces qui se multiplient à l’international ;
- la fission nucléaire à laquelle il est nécessaire de recourir, en l’absence de vent et de soleil. Une énergie disponible et pilotable qui ne cesse de progresser en fiabilité, sûreté et réduction des déchets mais dont 70 % des Français ignorent encore qu’elle est décarbonée. Nul article n’a cependant été retenu tant la conférence de Jean-Baptiste Dutto1 avait si bien exprimé les facteurs de succès des EPR de Taishan ;
- l’hydrogène, un vecteur d’énergie ne rejetant que de l’eau, dont les usages couvrent le transport et l’intermittence, se substitue au carbone réducteur chimique et dont la production d’origine renouvelable, avec stockage du CO2 ou nucléaire, sera à l’origine d’une nouvelle révolution industrielle ;
- les batteries pour la mobilité électrique avec l’ambitieux projet de reconquête du marché européen des batteries, dominé par les productions sous contrôle de pays asiatiques : un enjeu de création d’emplois en France et en Allemagne ;
- la géothermie, une source d’énergie prédestinée à l’habitat, encore méconnue et complexe, qui requiert l’approfondissement de nos connaissances du sous-sol et des matériaux ;
- l’efficacité énergétique dans le bâtiment avec ses multiples possibilités d’isolation, de ventilation double flux, de pompe à chaleur ou de climatisation réversible, avec toute la difficulté de rénovation de l’existant ;
- les perspectives de la fusion nucléaire, une énergie illimitée sans carbone ni déchets, capable de répondre au besoin d’une planète dont la population mondiale ne cesse de croître.
Des enjeux qui nécessitent de repositionner l’ingénieur au cœur de l’action en rappelant d’où il vient (sa maîtrise des sciences à l’origine des révolutions technologiques avec les perspectives tant insoupçonnées que probables) et où il va (ses responsabilités environnementale et sociale qui s’ajoutent à sa responsabilité économique).
En espérant que ces quelques articles seront pour le lecteur une incitation à rejoindre le groupe Énergie durable et y découvrir les conférences qui font appel à des intervenants de haut niveau, de tous pays, de toutes origines et animés du même désir de partage. Un excellent moyen d’élargir ses contacts et initier des collaborations nécessaires à l’élaboration de solutions mieux construites et plus durables.
1. Le 20 janvier 2021, Jean-Baptiste Dutto (S 94), directeur général adjoint de la centrale de Taishan, présentait au groupe Énergie durable le retour d’expérience des deux Evolutionary Power Reactors (EPR) construits en partenariat par le chinois CGN et EDF.
Le comité de lecture
Francis d’Auriac (ECP 77), Paul-Louis Meunier (S 79), Servan Lacire (S 82), Fréderic Lesage (ECP 99), Alain Le Coguiec (ECP 75) et Nicolas Calvo (S 16)
Les pouvoirs publics ont décidé, aux ingénieurs maintenant d’entreprendre
Les accords de Paris ont fixé pour objectifs de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et de le maintenir sur le long terme. La cause a été identifiée et le remède aussi : il faut plafonner les émissions de gaz à effet de serre à ce que les puits de carbone peuvent absorber.
Parmi ces émissions, la plus importante est le CO2 qui provient principalement de la combustion du carbone d’origine fossile pour la production d’énergie mais aussi de certains processus industriels tels que celui de l’acier dans lequel le carbone joue un rôle de réducteur chimique.
L’énergie est à l’origine de la révolution industrielle et de la croissance qu’elle a engendrée et dont nous avons bénéficié sans en avoir identifié à ses débuts les impacts des émissions sur le climat. La survie de la planète et celle de notre propre humanité sont maintenant en jeu et nous devons agir pour en neutraliser les effets.
Certains proposent la décroissance comme solution. C’est là ignorer tous les problèmes sociaux que cela engendrerait pour une population mondiale qui a quadruplé en un siècle.
Aussi sans confondre la croissance, « éternel toujours plus », et le progrès marqué par des révolutions successives, les ingénieurs entrepreneurs travaillent déjà à la nouvelle révolution pour répondre au double défi, à la fois améliorer dans le présent la qualité de vie de tous les habitants de la planète et préserver cette dernière pour les générations à venir.
Les politiques ont réussi la première étape : celle de la mobilisation et de la fédération de 197 pays qui ont décidé de limiter le réchauffement climatique. L’étape suivante et déjà en marche est celle de l’action, domaine au cœur duquel se trouveront les ingénieurs entrepreneurs.
Leurs compétences, leur démarche scientifique, leur esprit d’innovation, leurs compétences en gestion de projet, intégration et mise en œuvre de solutions avec une optimisation technico-économique et organisationnelle sont indispensables.
Ces ingénieurs-entrepreneurs conçoivent et élaborent des solutions nouvelles pour substituer des énergies décarbonées aux énergies fossiles, améliorer l’efficacité énergétique et bien au-delà coopèrent avec les pouvoirs publics, les financiers et la société tout entière pour créer sur nos territoires de nouvelles activités économiques porteuses de richesses
et de nouveaux services plus durables.
Citoyens en âme et conscience, ils veillent aussi à ce que les nouveaux développements n’aient pas de conséquences négatives, au-delà de nos territoires quand les nouvelles techniques dépendent de ressources mondiales.
Ces ingénieurs-entrepreneurs associent science et conscience au service de tous.
Francis d’Auriac (ECP 77)
Sommaire
p 12 - L’éolien offshore à Dunkerque
Jean Gravellier
p 13 - Évolution et enjeux du secteur photovoltaïque
François-Xavier Ribac (ECP 16)
p 14 - Une nouvelle politique de l’énergie : l’hydrogène arc-en-ciel
Paul Lucchese (ECP 83)
p 16 - La conquête du marché européen des batteries pour véhicule
Yann Vincent (ECP 80)
p 18 - La géothermie, une des solutions pour décarboner la France
Astrid Cardona (ECM 94) et Pierre-Étienne Bougon (ECLi 07)
p 20 - Une stratégie bas-carbone pour le bâtiment
Mathilde Louërat (ECLy 12)
p 22 - Les espoirs de la fusion
Jean-Luc Bretesché (ECP 74) et Alain Le Coguiec (ECP 75)
p 24 - La science à l’origine des gaps dits technologiques
Paul-Louis Meunier (S 79)
p 26 - Les ingénieurs, au cœur des enjeux de demain
Solinne Moretti (ECM 03)
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