Que sont devenus nos prix Coup de pouce ? - N°4 (mai-juin 2021)

Chaque année depuis 2013, lors de l’attribution de ses prix Félix1, l’Association remet le prix Coup de Pouce. Doté de 2 000 euros, il récompense un alumni (ou une équipe), diplômé depuis moins de trois ans, qui a démarré un projet original, qu’il s’agisse de création d’entreprise ou de toute activité économique ou sociale. Rencontre avec les lauréats des années 2013 à 2019.

1. Créés initialement par l’Association des Centraliens, les prix Félix se sont ouverts à la communauté Supélec dès 2016. Les candidatures pour l’édition 2021 sont ouvertes. Pour participer, télécharge le dossier sur notre site (onglet « Activités » puis « Prix Félix ») et envoie-le complété à communication@ centralesupelec-alumni.com.

Gaëtan Gohin (ECP MS 13)

Prix Coup de pouce 2013 pour le projet Algama, start-up spécialisée dans la production d’ingrédients alimentaires à base d’algues

Que t’a apporté ce prix ? Tout ce dont les jeunes entrepreneurs ont besoin : plus de motivation, la reconnaissance de personnes autres que mes proches, et un apport financier pour finaliser la création de l’entreprise avec mes associés et amis. 
Comment se porte Algama aujourd’hui ? Plutôt bien ! Elle a soufflé sa septième bougie fin 2020, et nos chiffres sont encourageants : plus de 20 emplois créés en France, 10 millions d’euros de financement réunis pour développer nos technologies et de nombreux brevets déposés. Nous opérons à Paris, Avignon et avons des représentants en Suisse et aux États-Unis. Après une phase d’accélération freinée par le Covid-19, 2021 repart fort avec le soutien de la région Île-de-France et de nos actionnaires historiques. Enfin, trois spin-off ont été créés pour le développement de produits alimentaires utilisant des ingrédients d’Algama. 
Quels sont vos projets ? Nous souhaitons obtenir le label B Corp, octroyé aux entreprises répondant à des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux1. Nous avons également un projet de construction d’usine en France et comptons recruter une vingtaine de personnes en 2022. 

1. https://bcorporation.net/

Axel Delmas (ECP 12), Pierre-Louis Théron (ECP 12) et Nikolay Rodionov (ECP 12)

Prix Coup de pouce 2014 pour le projet Streamroot, technologie réduisant la bande passante nécessaire au streaming vidéo

Que vous a apporté ce prix ? Ce prix a été une belle reconnaissance de notre travail quelques mois à peine après la sortie de l’École et la création de Streamroot, ainsi qu’un beau coup de projecteur sur notre projet. 
Quelles ont été les étapes de son développement ? Depuis 2014, le projet Streamroot s’est considérablement développé. Lors de la remise du prix, nous étions à peine à l’étape de proof of concept. Puis, peu de temps après, nous avons intégré l’accélérateur de start-up américain Techstars, puis commercialisé la solution qui a été adoptée par de nombreux clients dont Canal +, TF1, M6, France TV, Eurosport, Dailymotion, Discovery… Après avoir levé une peu plus de 6 millions d’euros de financement et recruté une équipe aux États-Unis, Streamroot a été racheté par Lumen – anciennement CenturyLink – en septembre 2019. L’opérateur de télécommunication américain souhaitait intégrer notre technologie à sa suite de produits pour améliorer l’expérience utilisateur de ses clients, principalement pendant les pointes de trafic Internet. 
Sur quels nouveaux projets travaillez-vous aujourd’hui ? Nous continuons tous les trois à développer Streamroot au sein de Lumen dans la division de content delivery network dans laquelle nous avons été intégrées.

Marius Conjeaud (ECP 13)

Prix Coup de pouce 2015 pour le projet Weceipt, système de dématérialisation des tickets de caisse

Que t’a apporté ce prix ? Ce prix m’a apporté avant tout de la motivation pour continuer dans ce projet, mais également des fonds à un moment important de la vie d’une start-up – un an – et enfin quelques contacts intéressants. 
Qu’est devenu ton projet ? L’année qui a suivi la remise du prix, nous avons continué sur le même sujet avant d’identifier que la valeur était moins dans le produit « visible » (les tickets de caisse électroniques) que dans la technologie sous-jacente (l’utilisation des graphes pour la recommandation de produits). Nous avons alors réalisé quelques missions de consulting avant de développer un nouveau produit centré sur cette technologie. Mais à la suite de désaccords stratégiques entre associés, le projet est désormais terminé. 
Comment as-tu rebondi ? Après quelques expériences d’intrapreneuriat, je viens de rejoindre l’éditeur leader du marché des graphes, afin de me spécialiser sur ce sujet qui me passionne et est désormais en plein essor.

Axel Gallian (S 16) 

 Prix Coup de pouce 2016 pour le projet Pulsit, un gant intuitif pour piloter des drones

Que t’a apporté ce prix ? Tout d’abord une soirée de networking mémorable et des contacts importants dans le domaine de l’aéro et des drones. Ensuite, ce fut la rencontre avec Félix (ECP 52) : un homme extraordinaire, qui m’a insufflé une énergie à déplacer des montagnes, un vrai exemple pour l’innovation. 
Cela t’a-t-il permis de gagner en visibilité ? Oui, grâce à ce prix, nous avons pu entamer une préproduction de notre produit connecté de contrôle de drones, et démarrer une levée de fonds avec mon associé Bernard Prost (ECP 72). Après quelques difficultés au passage à l’échelle, nous avons réorienté notre technologie pour proposer des arènes de jeu semi-autonome dans les centres de loisirs avec des drones roulants (DronePlay). Malheureusement, la fermeture des centres de loisirs en raison de la crise sanitaire, associée à des fonds trop courts, nous a contraints à arrêter cette aventure. 
Comment as-tu rebondi ? Actuellement je m’épanouis dans le domaine du vélo électrique connecté et partagé, dans l’entreprise « Zoov » d’Arnaud Le Rodallec (ECP 15). Je prépare un nouveau lancement entrepreneurial, sous la forme d’une marketplace de maintenance express qui, je l’espère, saura monter en puissance rapidement.

Geoffroy Gauthier (ECP 16) et Zénon Vasselin (ECP 16)

 Prix Coup de pouce 2017 pour Circulair, une solution durable et low-tech de dessalement d’eau de mer

Que vous a apporté ce prix ? Il nous a permis d’avoir notre premier financement externe et de lancer l’aventure de façon concrète. Par ailleurs, l’article des Échos qui a accompagné le prix nous a apporté des contacts qui nous ont été cruciaux, dont notre mentor technique et marché, Dominique Larger, expert dessalement auprès de la BPI et de l’Ademe. 
Comment développe-t-on un tel projet ? Nous avons peaufiné la partie preuve de concept avec la construction d’un petit prototype ultra low-tech et fonctionnel (coût : 50 euros) validant la facilité de mise en oeuvre, accompagné des calculs qui démontraient l’efficacité du procédé. Nous avons identifié le segment de marché adapté à la technologie et préparé un business plan solide. Grâce à cela, Circulair a remporté plusieurs compétitions : programmes Greenhouse et ClimateLaunchpad de Climate-KIC, prix pépite Templin 2018. 
Avez-vous pu construire un prototype à l’échelle 1 ? Malgré tous ces avancements, la route vers un prototype efficace à échelle significative (au moins 0,5 tonne d’eau produite par heure) était encore longue et, manquant d’expérience et de financement, nous avons préféré mettre le projet en pause en 2019, et gagner en expérience avant de pouvoir le reprendre. Je travaille aujourd’hui chez PlanEnergi à Copenhague, un cabinet de conseil en énergies renouvelables. Quant à Zénon, il a créé L’Inparable, site pour aider les ingénieurs à s’orienter vers des métiers porteurs de sens. Il est ensuite entré dans le cabinet de conseil en stratégie climat Carbone 4, où il est maintenant consultant senior.

Nicolas Rousseau (ECP 17)

 Prix Coup de pouce 2018 pour son projet EVerZom, procédé innovant et breveté de bioproduction de vésicules extracellulaires

Que t’a apporté ce prix ? Ce prix a été une belle reconnaissance et un tremplin vers d’autres distinctions. En tant que primo-entrepreneurs, nous avions besoin d’acquérir de la crédibilité dans un domaine, la biotech, qui nécessite des financements importants. Nous avons pu intégrer ensuite l’incubateur Paris Biotech Santé, l’accélérateur Wilco et recevoir le grand prix de l’Innovation de la ville de Paris un an après. 
Comment s’est développée EVerZom ? Nous sommes actuellement onze dont six CDI et une étudiante en thèse et avons pu obtenir plus de 1,5 million d’euros de financement publics et privés à date. L’industrialisation de notre procédé avance bien et nécessite encore deux ans de R&D avant la première injection de nos produits chez l’Homme. Nous travaillons actuellement avec une dizaine de biotechs sur des projets en arthrose, reconstruction cardiaque, foie, etc. 
Quelle va être la prochaine étape ? Nous visons une levée de fonds de 5 millions l’année prochaine pour nous permettre de finaliser l’industrialisation de notre procédé en vue d’obtenir les accréditations pour la première injection chez l’Homme fin 2022.

 Lucas Camedescasse (S 19)

Prix Coup de pouce 2019 pour la structuration d’un projet issu du laboratoire CNRS ChimEco (écocatalyse)

Que t’a apporté ce prix ? Il m’a surtout valu la reconnaissance et la confiance de la communauté CentraleSupélec. Des élèves m’ont contacté pour échanger sur mon expérience d’entrepreneur en résidence au CNRS. Il me semble urgent d’orienter les jeunes généralistes de l’École vers des projets de rupture, certes risqués, mais avec le potentiel d’impacter très fortement nos sociétés (environnement, santé, éducation). 
Depuis, comment s’est développée ton entreprise ? Ce premier projet a été cédé à un start-up studio début 2020, qui en poursuit le développement sous le nom de Bioinspir. 
Quels sont tes objectifs à venir ? Remonter en selle le plus rapidement possible avec un nouveau projet scientifique et engagé. Je mène une veille active sur différents sujets, toujours issus de la recherche académique et l’écosystème deep tech. En parallèle, je continue de me former sur des sujets de direction (corporate, juridique, acquisition, planification, etc.).

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