L’histoire du design avec Jamal Slitine - N°4 (mai-juin 2021)
Humaniser les produits et les process
Jamal Slitine (ECP 80) est intervenu le 23 février pour exposer l’historique du design et l’intérêt que l’on peut tirer de ses méthodologies. Ou comment inciter les ingénieurs à s’intéresser à un univers dans lequel ils ont désormais toute leur place.
En 1984, la revue des Centraliens s’intéressait déjà au design.
Qu’est-ce que le design ? C’est la question (très vaste) qu’a tenté d’aborder Jamal Slitine (ECP 80), architecte DPLG et diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs1 le 23 février dernier. Une tentative vaine par avance puisque, s’empresse-t-il d’indiquer, « le design est en perpétuelle mouvance, il se réinvente à chaque époque, s’adapte aux évolutions sociétales, et n’a donc pas de définition définitive ». Pour illustrer cette continuité, il cite des exemples, partant de la première Exposition universelle de 1851 pour retracer les grands styles fondateurs : l’Arts & Crafts anglais, les Arts nouveau et déco français, le Bauhaus allemand… puis les grandes évolutions des arts décoratifs et de l’architecture dans la seconde moitié du XXe siècle. Du fauteuil Tulipe à Philippe Starck, en passant par la tournure industrielle de Raymond Loewy, les déclinaisons dans le milieu de la mode chez Chanel, l’esthétique industrielle de Roger Tallon, le postmodernisme des années 1970, le nouveau design des années 1980, pour finir par le néobaroque et le bio-design des années 1990…
Si établir une définition unique du design est complexe, on peut néanmoins tenter de le circonscrire : « Le design est un processus intellectuel créatif, pluridisciplinaire, visant à harmoniser l’environnement humain, depuis la conception des objets usuels jusqu’à l’urbanisme. C’est une méthodologie de résolution de problèmes qui apporte des solutions pour améliorer la qualité de vie et la compétitivité et répondre aux attentes des utilisateurs finaux. » Ce qu’il faut retenir, c’est que le design est un concept centré sur l’humain.
Ni artisan, ni ingénieur
Le designer se place ainsi en intermédiaire entre l’industriel et l’utilisateur. Il humanise le produit et propose une vision optimiste du futur, anticipant les problèmes et les transformant en opportunités. « Il n’est ni un artisan, car il n’est pas spécialisé dans une matière donnée, ni un ingénieur, car il ne maîtrise pas une technique en particulier…ce qui ne signifie pas qu’un artisan ou un ingénieur ne peut pas devenir designer. » Il doit être visionnaire, curieux, et faire preuve d’imagination (génération d’idées), d’invention (concrétisation et partage des idées) et d’innovation (réponse à un besoin réel et génération de succès).
Son rôle est proche de celui d’un chef d’orchestre, d’un réalisateur de cinéma. Et de fait, originellement, le designer venait du milieu de l’art. Toutefois les nouveaux métiers du design sont nés de la technologie : les designers créent désormais des UX (expériences utilisateurs), des UI (interfaces utilisateurs)… « La discipline est devenue si technique que les ingénieurs y trouvent aujourd’hui tout à fait leur place, ainsi qu’en témoignent les formations dédiées proposées dans les grandes écoles, de plus en plus nombreuses. »
Julien Meyrat
Le design thinking
Le design thinking, ou « penser design » en français, est une méthode de gestion de l’innovation développée à partir des modes de travail des designers. Il s’appuie sur un processus de cocréativité impliquant des échanges fréquents avec l’utilisateur final et un prototypage rapide. La méthodologie repose sur un cycle en cinq étapes : 1. utiliser l’empathie - 2. poser le diagnostic - 3. construire le concept 4. prototyper - 5. tester
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