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Editorial Novembre 2015

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Ingénieur et Développement Durable (CSA)

29/11/2015

Chers camarades,
 
Les événements du 13 novembre sont d'abord douloureux pour les proches, les parents, les amis. Parisiens ou non, nous connaissons tous un ami, un ami d'ami concerné par ce drame. Ma fille fréquente ces restaurants, notre secrétaire devait dîner ce soir-là au Petit Cambodge mais il n'y avait plus de table… Ces événements nous interrogent aussi sur notre société, sur la place que chacun y trouve. Cependant, malgré cela et en raison de cela, nous devons rester une société ouverte, respectueuse de la diversité des aspirations.
 
Un des projets de ce groupement est de réfléchir à la manière dont nos activités s'inscrivent dans la société, dans son développement au bénéfice de chacun.
 
J'étais le 5 et le 6 novembre au colloque « Comment penser l'anthropocène ? » organisé au Collège de France.
Et d'abord qu'est-ce que l'anthropocène ? Ce concept a été proposé au début des années 2000 en constatant que les activités humaines jouaient dorénavant un rôle déterminant sur la biosphère. Plus récemment, John Rockström et ses collègues ont déterminé des fonctions essentielles de la biosphère, et montré que leurs limites résilientes avaient été ou étaient en voie d'être franchies pour plusieurs d'entre elles. L'activité humaine modifie dès lors le fonctionnement même de la biosphère.
La détermination du début de l'anthropocène, c'est-à-dire la transition entre l'holocène et l'anthropocène donne lieu à de nombreux débats. Les géologues, responsables de la définition des ères géologiques, ont entrepris des travaux au niveau international. Par ailleurs, lors de ce colloque, certains intervenants venant des sciences humaines ont proposé le début de l'ère industrielle, en raison de l'exploitation des ressources naturelles et des conséquences que cela a entraînées. Pour d'autres il s’agirait plutôt de la découverte du Nouveau Monde qui a démultiplié la production de capitaux grâce aux ressources en métaux précieux et ainsi fortement contribué à la mise en place ultérieure du modèle capitaliste de développement responsable de l’exploitation irraisonnée des ressources naturelles. Enfin, d’autres encore proposent de retenir l'inflexion exponentielle des croissances démographiques, technologiques et économiques située dans le courant des années 1980.
Cette analyse conduit à repenser en profondeur les relations de l'homme et de la nature. Ainsi Philippe Descola, anthropologue, demande que la gouvernance des sociétés prenne en compte le droit des générations futures comme ceux de la nature. D'autres, en suivant la proposition de Dominique Bourg, philosophe, imaginent une décroissance contrôlée. Enfin, les transhumanistes estiment que la technologie permettra au genre humain de se dispenser de la nature. Cette dernière proposition est une utopie qui nie profondément la condition humaine. Ce phantasme technologique peuple les romans et films de science-fiction et conduit à des gouvernances totalitaires.
 
Ce n'est pas la voie qui a été choisie pour réfléchir à un nouveau modèle de développement aux bénéfices partagés, qui sans renier les avantages de la technologie, resitue le développement comme avant tout celui des sociétés humaines dans leur environnement. C'est la proposition du texte « L'avenir que nous voulons » adopté par les Nations Unies en 2012. Pour sa mise en œuvre, 17 Objectifs de Développement Durable ont été retenus, alliant lutte contre la pauvreté, développement et respect des ressources naturelles.
 
Il me paraît utile ici, dans les circonstances présentes, de noter que l'objectif 16 de ces ODD est intitulé : « Promouvoir l'avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable ».
 
Marc Darras
 
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