Interview élèves en DD #1 Jean-Baptiste Grassin
30/01/2020
Interview de Jean-Baptiste Grassin
Q : Dans quelle Université es-tu en train d’effectuer ton DD ?
R : Je suis actuellement à la Hong Kong University of Science & Technology, classée 1ere en Tech à Hong Kong sur près de 10 universités. C’est une jeune université créée en 1991, qui est réellement à la pointe en recherche en nouvelles technologies.
Q : En quoi consiste le Master que tu suis actuellement ?
R : Mon Master s’intitule TLE pour « Technology, Leadership, Entrepreneurship » (NDLR : un intitulé qui rappelle fortement les qualités de tout ingénieur Centralien). Il offre l’accès à la fois à des cours techniques très variés du fait que l’université est immense (~10000 undergrads et ~5000 postgrads), aussi bien qu’à des cours axés business. J’ai notamment un cours de « Social Entrepreneurship & Venture Philanthropy », qui est à l’origine dispensé dans le programme de MBA de l’université. Nous participons aussi à beaucoup d’évènements de networking. Nous suivons des séminaires sur le sujet, où différents intervenants viennent partager leurs expériences et nous avons plusieurs livres à lire au long de l’année sur le sujet.
Chaque élève doit entreprendre un projet personnel dans le cadre du Master avec un superviseur qui est chercheur à l’université. Pour ma part, je développe une solution de gestion intelligente des déchets de manière décentralisées, ciblant des zones rurales d’Asie du Sud-Est. Le challenge est donc de réussir à proposer un process nécessitant peu d’investissement, semi-automatisé, et pour lequel le recyclage se ferait localement afin de créer de l’emploi sur place. Depuis peu, je m’intéresse aussi à la problématique de la gestion des déchets dans les Smart Cities, domaine dont les grandes villes asiatiques en développement sont assez friandes. J’ai participé à plusieurs Hackatons sur le thème de l’entreprenariat social. Le Master dure 2 ans et cela me permet de pousser mon projet en profitant des ressources de l’Université et de l’environnement très dynamique Hongkongais.
Le partenariat avec Centrale est assez récent, j’en avais entendu parler par des vieux de mon ancien étage, le 2H et par le BDE. Je trouvais que c’était le bon moment pour me lancer dans un projet perso après une année de césure où j’ai pu acquérir de l’expérience pro, notamment quand j’ai travaillé sur de l’électrification rurale au Myanmar. Je vais à nouveau réaliser un Summer Internship entre mes deux années de Master pour prendre un peu de recul sur mon projet.
Q : Quelles sont les principales différences avec Centrale dans ton Université ?
R : Le système est beaucoup plus à l’anglo-saxonne. Les cours rattachés à un département, et sont très concrets et assez poussés. Je dirais que la spécialisation est plus fine. Certains cours peuvent porter sur de véritables niches, et leur mise en place est rendue possible par le nombre important d’étudiants présents.
C’est une université qui a beaucoup de moyens donc beaucoup de PhD et Masters de Recherche, payés au cours de leurs études. L’université a un fort rayonnement grâce à ces lourds investissements dans la recherche. Les labos sont réputés et publient fréquemment.
Les frais de scolarité pour les autres programmes sont d’environ 5000 euros per annum. Je bénéficie pour ma part d’une bourse plus que généreuse.
J’ai remarqué ce que beaucoup d’étudiants français remarquent lors d’études à l’étranger : nous avons notamment un gros bagage en mathématiques comparé aux élèves à l’éducation de type anglo-saxonne mais aussi une qualité dans la polyvalence de notre cursus et cela est surtout vrai pour les Grandes Ecoles à la française.
Q : Est-ce que tu as rencontré beaucoup d’étudiants issus du pays ?
R : J’ai l’avantage d’être logé sur le campus. Ici, il y a environ 80% de Hongkongais et de Chinois pour 20% d’étrangers. Il y a une communauté assez soudée de PostGrad européens, mais il est facile de se mélanger avec les locaux car la culture Hongkongaise est très occidentalisée. Au sein de mon Master, je m’entends très bien avec plusieurs locaux.
Les Chinois présents ici sont eux aussi faciles à aborder car ils ont une certaine ouverture sur le monde, et il m’est arrivé par exemple de discuter avec eux des différences entre les systèmes chinois et occidentaux. C’est toujours super enrichissant de pouvoir rencontrer des gens qui n’ont pas grandi dans le même monde que nous !
Le campus est en périphérie du centre-ville mais il est facile de s’y rendre donc on peut aussi rencontrer de jeunes pros à travers les personnes en stage en ville.
Q : Quelles sont les principales différentes avec la France (culturellement) ?
R : La culture locale ici est beaucoup plus proche de chez nous qu’elle peut l’être à Shanghai ou à Shenzhen (NDLR : c’est la ville la plus proche sur le continent en Chine). Il y a beaucoup d’expatriés par exemple et tout le monde parle anglais. L’empreinte Chinoise est très présente cependant. Attention, ici les gens ne parlent pas Mandarin mais Cantonais ! Il y a environ 7M d’habitants. La nourriture est variée et très bonne. On sert souvent des plats à partager à plusieurs, comme habituellement dans la culture chinoise. Le pays n’est pas très religieux et l’empreinte bouddhiste est assez faible, j’ai même pu voir beaucoup d’églises pour un pays d’Asie. Dans l’ensemble, les religions cohabitent sans problèmes.
La ville principale est ultra-moderne. On paie beaucoup en cashless partout (même si les hongkongais sont fan de cash), les nouvelles technologies sont omniprésentes. C’est une énorme place financière mondiale et ça se ressent dans l’atmosphère de certains quartiers. Le prix de l’immobilier est astronomique, et complètement dérégulé. Il y a quelques musées mais la culture locale n’est pas beaucoup mise en avant. Il existe aussi de très bons quartiers pour sortir le soir, par exemple Lan Kwai Fong.
Mais Hong Kong ne se résume pas à une grande ville. Il y a d’immenses réserves naturelles à proximité de la ville qui recouvrent une bonne partie du territoire. Les paysages y sont magnifiques. Il existe aussi des zones rurales, très peu développées, plus pauvres et aussi plus authentiques de ce qu’a pu être Hong Kong avant son développement ultra-rapide.
Certaines personnes vivent dans une pauvreté extrême mais les liens familiaux sont très forts et l’entraide prime. Le chômage est quasiment inexistant mais il y a un grand nombre de travailleurs précaires. Les inégalités sont particulièrement fortes et la culture de services est plus poussée qu’en Europe.
C’est super intéressant d’observer l’opposition de systèmes avec la Chine juste à côté (NDLR : Hong Kong partage une frontière terrestre avec la Chine). J’ai aussi pu assister à de nombreuses manifestations dans la rue contre la mainmise du parti communiste chinois sur le gouvernement local. Les manifestations sont très violentes et parfois les policiers s’infiltrent parmi les manifestants pour débusquer les meneurs. Les manifestations se sont maintenant calmées, d’autant plus avec l’apparition du coronavirus.
Q : Est-ce que tu as fait quelques voyages dans la région ? (Photos)
R : J’ai déjà pas mal voyagé dans la région pendant mon stage de césure au Myanmar. Depuis que je suis à Hong Kong, je suis allé au Viet Nam et à Tokyo. Je prévois d’aller au Cambodge prochainement car Sébastien Pitot va y réaliser son stage de fin d’études (NDLR : félicitations Sébastien !)
Q : Qu’est-ce que tu prévois de faire par la suite ?
R : Il me reste encore un an de Master. La suite dépendra beaucoup de mon projet. S’il décolle, pourquoi ne pas rester encore un peu en Asie ? Je chercherai peut-être quelques pistes de back up en Europe au cas où.
Propos recueillis par Rémi Vellard
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