Quel mix énergétique pour la France ? Conférence de Jacques Roger-Machart (ECP 63)
21/11/2021
À l'occasion de la sortie de son dernier livre, notre camarade Jacques Roger-Machart (ECP 63) nous a présenté sa vision du mix énergétique souhaitable pour la France quelques jours avant la publication le 25 Octobre 2021 du rapport de RTE "Futurs énergétique 2050” sur le même sujet . Sa présentation, basée sur son livre paru récemment, s’est déroulée en présentiel depuis Balma (à côté de Toulouse) et surtout en ligne via Zoom : une première pour notre groupe régional !
Jacques a détaillé les défis auxquels est confrontée la France pour sa transition énergétique ( -55% CO2 en 2030 et neutralité carbone en 2050) dans les transports, l'habitat et l'industrie puis il a évalué les perspectives des sources d'énergie existantes. Il propose ses idées pour effectuer cette transition en assurant l'indépendance du pays et la justice sociale.
En 2019, la consommation finale d’énergie de la France était composée de: 24% d’électricité, 10% d’EnR, 2.5% géothermie en face d’énergies fossiles: 43% de produits pétroliers, 19% de gaz et 1% de charbon.
Pour décarboner le pays, l’électricité devra permettre de remplacer totalement l’usage des énergies fossiles. En tenant compte de la plus grande efficacité d’une machine électrique et aussi des besoins croissant de plus d'électricité ( ré industrialisation et maintien de la croissance), Jacques estime qu’il sera nécessaire de doubler la consommation nationale d'électricité : de 460 Twh , nous évoluerions vers 920 Twh. Il ne pense pas que la sobriété puisse être imposée aux français et que donc les besoins d’électricité ne pourraient pas être réduits de manière notable.
Pour les transports, Jacques préconise les déplacements doux (vélos, rollers, trottinettes), l'autopartage, le covoiturage mais aussi les transports collectifs électrifiés. Pourquoi ne pas offrir un accès gratuit à des bornes de recharge comme service public ?
Pour les besoins de transport de marchandises par camion, l'hydrogène semble plus approprié que les batteries . De même pour l’aérien, la production de carburants synthétiques produits avec de l'hydrogène et une capture de CO2 devrait permettre de remplacer le kérosène à court terme.
Pour les bâtiments et l'habitat, la meilleure solution semble être le remplacement des chaudières au fuel ou au gaz par des pompes à chaleur tout en favorisant l’isolation thermique de l’existant.
Pour l’industrie, le premier enjeu sera de décarboner la production d’hydrogène utilisé dans les raffineries et pour la production d’engrais puis de généraliser l’électricité ou l’hydrogène dans la sidérurgie et les cimenteries
Le besoin de puissance électrique supposera d’installer 260 MW d’ici à 2050. Indéniablement il sera nécessaire de mobiliser tous les moyens matures: EnR et nucléaire en fonction de leurs coûts complets.
Au niveau Européen, il faudra aussi réformer le marché actuel de l’énergie qui met en concurrence les fournisseurs d’énergie sur la base du prix du KWh au lieu de prendre en compte les coûts complets de moyens de production en MW pour les choix d'investissements futurs. Il sera aussi essentiel de revoir le système de quotas de CO2 qui n’est pas encore assez incitatif : de 60€ /t, aujourd’hui, il faudrait que la commission européenne impose 100€ /t en 2030 et 200€ /t en 2050 .
En même temps, l’UE (comme Pascal Lamy qui a préfacé son livre) souhaite considérer une taxe carbone aux frontières, thèse que Jacques critique comme étant une mesure trop protectionniste. Il recommande plutôt une négociation internationale pour obtenir que toutes les régions du monde instaurent des dispositifs comparables au dispositif européen de taxation des quotas carbone (EU-ETS) et que, si taxe aux frontières de l'UE il y a, le produit de celle-ci soit reversé aux pays d'origine.
La taxonomie de l’UE devrait reconnaître le nucléaire comme non polluant (sans CO2) et donc supporté par les investissements du “Green deal” de l’UE. Un compromis avec les Allemands pour inclure le gaz sera sans doute nécessaire.
Jacques se définit donc comme un "progressiste du climat” qui promeut la croissance des besoins énergétiques tout en assurant la justice sociale pour ceux qui auront besoin d’être aidés pour la transition.
- l’enregistrement de la conférence est disponible sur le site du groupe régional Occitanie Midi-Pyrénées (section média): https://association.centralesupelec-alumni.com/group/csa-occitanie-midi-pyrenees/291/medias
- pour commander son livre: https://www.mollat.com/livres/2483099/jacques-roger-machart-progressistes-pour-le-climat
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