Au cœur de l’hiver, le samedi 26 février 2022, après une visite de Fréjus et le temps d’un déjeuner, Yves (S 64) et Marie-Christine Martin d’Aigueperse ont fait rêver les membres du groupe du Var en leur contant leur magnifique périple : dix années autour du monde sur leur voilier.
La journée a débuté avec une visite de Fréjus, à la découverte des nombreux vestiges romains qui s’égrainent dans la ville.
Puis ce fut un déjeuner sympathique au Best Western sur le port de Santa Lucia à Saint-Raphaël, une agréable façon de nous mettre dans l’ambiance de la conférence qui allait suivre, conférence qui nous mena dans le sillage de Blue Marine.
À 14h30, Marie-Christine et Yves (S 64) Martin d’Aigueperse nous ont présenté leur voyage autour du monde, un périple de dix années qu’ils ont effectué sur leur voilier Blue Marine, un ketch de 16 mètres des chantiers français Amel.
Yves a commencé sa formation de marin dans la Royale, sous la grêle, en rade de Brest, ce qui le préparait, sans qu’il en eût conscience, à l’avenir… Puis ce furent des navigations en Méditerranée et aux Caraïbes, pendant ses périodes de vacances, pour peaufiner les réglages de voiles et ceux du spi, sa grande passion.
Quant à Marie-Christine, elle découvre les joies de la voile à l’adolescence avec un rêve : faire le tour du monde !
L’âge de la retraite venu, après une année sabbatique autour de la Méditerranée pour vérifier leur détermination, la décision est prise : maison vendue pour ne pas avoir de fil à la patte, meubles au garde-meubles, en novembre 1999, ils s’installent à La Rochelle, dans leur nouveau home : Blue Marine, tout neuf, tout beau et ils larguent les amarres en avril 2001.
La conférence est animée par de nombreuses photos et des vidéos, extraites des douze films que Marie-Christine a capturés, montés et sonorisés.
Nous revivons avec eux le grand départ, la première grande traversée : quatorze jours pour rallier le Brésil depuis le Cap-Vert.
En dix années ils navigueront sur trois océans, ils « toucheront » cinquante-quatre pays, des centaines d’îles et Marie-Christine remplira, chaque jour, des carnets et des carnets de sensations de voyage, des heures et des heures de prises de vue vidéo, pour ne pas perdre la mémoire, pour ne pas déformer tous leurs souvenirs.
Ils sont partis sans un « programme » précis, mais ouverts aux opportunités, sans date de retour prévue (cinq, six années, pensaient-ils) et leur voyage durera dix ans !
« Avez-vous subi des tempêtes ? » leur demande-t-on souvent… Non, pas de vraie tempête ; des coups de chien, des mers vigoureuses, des orages, une trombe et des trombes d’eau, oui, bien sûr, un cyclone qui nous a, un temps, menacés au Venezuela, et puis nous a épargnés (ce qui ne fut pas le cas des navigateurs réfugiés à Grenade). C’est comme dans la vie de tout le monde : il faut de la chance pour échapper aux catastrophes, même s’il est plus vrai de dire qu’il faut être malchanceux pour être sur la trajectoire du fou ou du cataclysme…
« Quels sont vos plus beaux souvenirs ? » Marie-Christine répond : « Ce fut la rencontre des peuples “du bout du monde” : les indiens Kunas aux îles San Blas, quatre mois pendant lesquels nous nous sommes sentis accueillis, entourés, avec une vraie curiosité partagée ; Valentine et Gaston sur leur petit atoll des Tuamotu, qui nous ont acceptés, qui ont ouvert leur cabane, on pourrait presque dire leur cœur… et ceux de Mopelia, encore plus isolés, qui auraient bien voulu que nous restions encore et encore ; au Vanuatu ce fut un autre choc de civilisation, des îles où la télévision n’existe pas, loin de la capitale si moche… et les bouches rouges de bétel aux îles Salomon, et la chevauchée épique à Sumbawa, dans les îles de la Sonde…
Tellement de souvenirs très forts... mais quelquefois aussi désagréables ! Les pirates du golfe d’Aden, les femmes en noir des pays musulmans, les récits de mauvaises rencontres, un cambriolage en Guadeloupe, un affreux rat embarqué à Hurghada… et l’accident d’Yves, surtout l’accident d’Yves qui a failli le transformer en légume… »
Aujourd’hui, en évoquant leur voyage devant nous, ils nous dépaysent, nous entraînent dans l’aventure, nous font rêver…
Dehors le soleil brille, les bateaux se balancent doucement le long des quais…
Baudelaire n’est pas loin : « Homme libre, toujours tu chériras la mer… »
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… »
En sont-ils revenus plein de sagesse et raison ? En tous cas avec un regard nouveau sur le monde.
Ils ont poursuivi l’aventure en en autoéditant le récit, dans un livre écrit par Marie-Christine au fil des jours ; un récit qui embarque le lecteur pour qu’il partage leurs navigations, comme s’il faisait partie du voyage: "La Ballade de Blue Marine".
Pour se le procurer sur la librairie en ligne de BoD, l’éditeur.
Et aussi en librairie.
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